Les réussites de la thérapies géniques
C'est en septembre 1990 que, pour la première fois
au monde, fut tenté par trois chercheurs américains Steven Rosenberg,
French Anderson et Michael Blaese, un essai de thérapie génique sur
une petite Américaine de quatre ans, atteinte d'une maladie génétique
qui provoquait un effondrement total de ses défenses immunitaires.
Cette déficience, due à l'absence d'une enzyme
(adénosine déaminase ou ADA), nécessitait le maintien de l'enfant dans
un environnement totalement stérile,
en attendant une greffe de moelle
ou — comme ce fut le cas — une greffe génétique. Cette petite fille
reçut une greffe de lymphocytes
T dans lesquels avait été introduit le gène
permettant de produire l'enzyme dont elle était dépourvue. Après cette
première tentative, les essais de thérapie génique se sont multipliés.
Dans les dernières années du XXe siècle, la thérapie
génique semble avoir connu son premier véritable succès avec la guérison
annoncée par une équipe de médecins et de biologistes de l'hôpital Necker,
à Paris, d'enfants atteints d'un déficit immunitaire grave.
Dans cette maladie — nommée DICS-X, par abréviation
de «déficit immunitaire combiné sévère lié au chromosome X» — touchant
exclusivement les garçons et concernant environ un garçon sur 300 000,
des éléments essentiels du système immunitaire, les lymphocytes T et
les cellules tueuses NK, ne sont pas produits car leurs cellules souches,
dépourvues des récepteurs clés de deux cytokines, les rendent incapables
de se différencier et des multiplier. Nés ainsi sans système immunitaire
efficace, les enfants porteurs de cette affection génétique étaient
jusque-là condamnés à rester strictement protégés, confinés dans des
enceintes hospitalières totalement stériles («enfants bulle»), car leur
organisme était incapable de résister aux infections, mêmes légères,
dues aux divers agents pathogènes, bactéries et virus, présents dans
l'environnement normal. Les médecins sont parvenus à modifier le génome
de cellules progénitrices extraites de la moelle osseuse de ces enfants
en y introduisant, à l'aide d'un rétrovirus, le gène permettant l'expression
de la protéine constitutive du récepteur cellulaire des cellules T et
NK. En mai 2000, les médecins ont confirmé que, un an après l'intervention,
les enfants ainsi traités avaient pu reconstituer un système immunitaire
totalement fonctionnel.
Le concept de gène «suicide» (appelé ainsi puisque,
dès lors qu'il a joué son rôle, il détruit la cellule hôte), développé
par des chercheurs américains, pourrait se révéler une piste intéressante.
Fondé sur cette approche, le traitement d'une tumeur cérébrale chez
le rat a donné des résultats spectaculaires, une régression complète
de la tumeur ayant été observé.
Chez l'homme, ce concept est en cours d'évaluation
pour le traitement de tumeurs cérébrales, et pourrait également être
appliqué au traitement du sida. L'idée serait, en insérant un gène «suicide»,
de transformer les lymphocytes infectés du patient en pièges à virus:
l'infection d'un lymphocyte par le VIH (virus de l'immunodéficience
humaine) déclencherait aussitôt la mort de la cellule, empêchant le
virus de se propager.
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