La mucoviscidose
La mucoviscidose est une maladie due à un mauvais
fonctionnement de toutes les glandes
muqueuses.
Les sécrétions muqueuses anormalement visqueuses qui en résultent obstruent
les voies respiratoires et les canaux du pancréas.
Les bronches
sont particulièrement exposées aux surinfections.
La mucoviscidose touche, aux Etats-Unis et en Europe
Occidentale, une naissance sur 2500 ; les patients atteints de mucoviscidose
ont une espérance de vie moyenne de 29 ans. 66 000 patients sont atteints
de mucoviscidose aux Etats-Unis et en Europe Occidentale.
C'est une maladie héréditaire due à une anomalie
génétique.
Symptômes et caractéristiques de cette maladie:
Les symptômes de la maladie ont été décrits en 1938,
à l'université de Columbia (New York), à partir d'autopsies faites sur
des malades décédés. On a montré que cette maladie touche progressivement
les voies respiratoires, les canaux du pancréas, le foie, l'intestin
grêle, l'appareil reproducteur et la peau. Les sécrétions, très visqueuses,
obstruent l'ensemble des canaux présents dans les organes. L'atteinte
respiratoire se manifeste à un âge compris entre 3 mois et 1 an et correspond
à une bronchite
sécrétante. Chez le sujet sain, la surface interne des bronches est
recouverte d'une mince couche de mucus
qui capte les particules étrangères inhalées et les rejette à l'extérieur
par le mécanisme de l'expectoration. Chez le sujet malade, le mucus
épais et visqueux devient collant, s'accumule et, par son volume important,
rétrécit les voies respiratoires et favorise la prolifération des micro-organismes
(bactéries,
champignons,
virus).
Ceux-ci sont responsables de véritables surinfections bronchiques et
altèrent le tissu pulmonaire, conduisant à une insuffisance respiratoire.
Au niveau du pancréas, les canaux qui délivrent aux intestins les enzymes
digestives sont bouchés, ce qui entraîne une diminution du flux enzymatique
indispensable à la digestion des graisses et des protéines. Cette insuffisance
pancréatique (appelée maladie fibrokystique du pancréas) entraîne une
altération de l'état nutritionnel et conduit à des complications avec
dénutrition.
Test de dépistage:
En cas de symptômes évoquant une mucoviscidose, on
pratiquait le test de la sueur qui permet d'établir un diagnostic après
deux mesures indépendantes. Bien qu'il soit assez spécifique, ce test
manque de sensibilité et de reproductibilité. Il mesure le taux d'ions
chlorure et sodium contenus dans la transpiration.
Traitement:
Aucun traitement curatif n'est actuellement disponible.
La mise en évidence des mutations génétiques permet un diagnostic précoce
de la maladie et l'élaboration de traitements palliatifs mieux adaptés.
L'occlusion intestinale peut survenir dans la période néonatale
; elle nécessite une intervention chirurgicale.
L'insuffisance pancréatique peut être surmontée par
administration d'enzymes digestives au cours des repas. Les troubles
pulmonaires, moins faciles à maîtriser et responsables de plus de 90%
des décès chez les sujets atteints, peuvent faire l'objet d'un traitement
antibiotique
et d'un traitement lytique
du mucus. Ce dernier traitement fait appel à des aérosols d'une préparation
à base d'enzyme DNase,
qui liquéfie le mucus en hydrolysant
les brins d'ADN longs et collants présents dans les cellules mortes.
On soulage ainsi la constriction des voies respiratoires. On peut recourir
aussi à la percussion thoracique en tapotant sur la poitrine ou sur
le dos du malade pour dégager les viscosités des bronches.
Le pronostic vital est engagé par cette maladie.
Il dépend toutefois de l'état pulmonaire et de l'état nutritionnel au
moment du diagnostic. Globalement, les progrès thérapeutiques ont permis
à plus de la moitié des enfants touchés par la maladie de vivre jusqu'à
l'âge de 20 ans, voire plus. Le traitement précoce a permis d'améliorer
la qualité de vie et la survie des malades. Il nécessite le concours
de plusieurs spécialistes tels que pédiatre, diététicien, kinésithérapeute
et psychologue. La richesse de l'environnement affectif a une place
capitale dans le déroulement des soins. Il faut souligner le rôle important
des associations de lutte contre la mucoviscidose dans l'aide qu'elles
apportent aux malades, aux familles et à la recherche.
Causes et mécanismes:
La mucoviscidose est une maladie monogénique à transmission
autosomale récessive. Si les deux parents portent chacun un gène responsable
de la maladie et l'autre normal (individus hétérozygotes), il existe
une probabilité de 25% pour que leur enfant porte dans son patrimoine
génétique les deux gènes anormaux provoquant alors la maladie et on
connaît le gène défectueux responsable : il est localisé sur le chromosome
7. Ce gène a été dénommé CFTR (cystic fibrosis transmembrane conductance
regulator). Il s'agit d'un gène qui code pour une protéine-canal
destinée à véhiculer du sodium, du chlore et de l'eau, au niveau de
la membrane bronchique.
C'est l'absence de cette protéine qui entraîne une
insuffisance respiratoire.
Un traitement est en étude, qui consiste à administrer
par voix orale (aérosol) un adénovirus modifié. Le traitement est actuellement
en essai clinique.
La pathologie génétique:
Plus de 200 mutations ont déjà été répertoriées dans
le gène CFTR et sont capables de provoquer la mucoviscidose. La plus
fréquente est une délétion responsable de la perte d'un acide
aminé dans la protéine (mutation dite Delta F 508). La protéine
anormale perd alors ses propriétés de transporteur des ions chlorures.
Cette mutation est responsable d'environ 70% des cas de mucoviscidose
dans les populations d'Europe occidentale.
Avec la découverte du gène CFTR, sa localisation,
puis sa caractérisation du gène CFTR ont permis de rechercher directement
les mutations par des techniques de biologie moléculaire. C'est la mise
en évidence de mutations
pathogènes dans le gène CFTR qui constitue à l'heure actuelle le seul
critère objectif d'un diagnostic de certitude.
Dans les familles à risque pour la maladie (famille
où il existe déjà un ou plusieurs cas diagnostiqués), on effectue la
recherche des mutations chez les couples désirant procréer. Si les deux
parents sont porteurs (hétérozygotes), on propose un diagnostic prénatal
au début de la grossesse. Le dépistage systématique de la mutation chez
tous les nouveau-nés tend à se généraliser.
Thérapie génique:
Le traitement par thérapie génique est en cours d'étude.
Il repose sur la capacité des cellules tapissant les parois des organes
à fabriquer la protéine déficiente CFTR après que, par manipulation
génétique, on aura introduit une copie du gène CFTR dans les cellules
anormales. Cette introduction de l'ADN se fait grâce à un vecteur d'origine
virale ou par les liposomes. Ces derniers semblent plus intéressants
du point de vue immunologique, car il n'y a pas de rejet, les liposomes
n'étant pas reconnus par l'organisme comme des corps étrangers. Des
essais sont en cours pour introduire directement le gène normal dans
les bronches sous forme d'aérosols.
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